Biodiversité et réchauffement climatique.
Les impacts du réchauffement climatique sur la biodiversité.
Les liens entre la biodiversité et le climat sont incontestables. D’un côté, la nature est victime du réchauffement en cours où toutes les études le démontrent. Et d’un autre côté, elle joue un rôle essentiel de régulateur. Les changements climatiques de grande ampleur que nous subissons sont en grande majorité imputables aux activités humaines et représentent un risque global pour la nature et donc pour l’Homme qui en dépend. De son côté, la nature limite les dégâts et peut s’adapter mais de façon ponctuelle. Les effets du réchauffement climatique sont d’ores et déjà visibles. Les spécialistes qui observent la nature et la flore depuis ces dernières décennies le constatent au quotidien. Et sans être expert, un simple particulier peut remarquer bon nombre d’évolutions. Prenons le cas des oiseaux. Sous l’effet du réchauffement du climat, des espèces remontent vers le nord et en altitude. Les aires d’hivernage évoluent. Des espèces autrefois rares car en limite nord de répartition sont devenues communes. La Cigogne blanche notamment hiverne désormais plus fréquemment en France. Rien que dans notre département de l’Ain, ce grand échassier n’est plus aussi rare qu’avant. La macreuse noire passe désormais ses hivers plus au nord. Pour ceux qui sont des migrateurs stricts au long cours, ils avancent leur date de départ afin de traverser le Sahara avant l’apparition de la saison sèche qui s’étale davantage dans le temps. Ainsi, la fauvette des jardins ou le gobemouche noir ont avancé leur départ de l’Europe et l’hirondelle rustique revient plus tôt au printemps. Certaines espèces d’oiseaux ou d’animaux sont intelligentes et ont bien compris qu’elles trouveraient des intérêts protecteurs en se rapprochant des zones urbanisées. C’est le cas des rapaces comme l’épervier, du faucon pèlerin et aussi du renard ou du sanglier.
D’autres espèces se sédentarisent même de plus en plus. Prenons le cas du rouge queue. Avant, il quittait notre pays pour l’Afrique dès la fin septembre. Désormais, il n’est pas rare de le rencontrer en plein mois de novembre sur Lyon. Et les hivers étant de moins en moins longs et rigoureux, il passe souvent cette période difficile tout simplement chez nous, sur nos côtes méditerranéennes. Il s’accommode très bien de la douceur du climat. Ainsi, souvent fin février, on peut à nouveau l’apercevoir en train de revenir dans notre région. Et l’on pourrait citer bien d’autres exemples. Il faut savoir qu’avec des trajets migratoires réduits, certaines espèces économisent des dépenses énergétiques propices à une meilleure condition physiologique prénuptiale. La végétation évolue et les espèces qui y sont attachées doivent aussi s’adapter et c’est loin d’être évident pour toutes. On constate notamment que le chêne vert s’étend vers le nord et l’ouest. Des insectes inféodés telles les chenilles vont progresser de la même manière et vont ainsi contraindre leurs prédateurs comme certaines espèces d’oiseaux à s’adapter. Les saisons intermédiaires sont de plus en plus réduites et se confondent avec l’hiver et l’été. Ces bouleversements ont un impact sur les nidifications des passereaux notamment. Et certaines années, les pertes sur les juvéniles sont conséquentes.
Le printemps de 2016 maussade a fait des ravages. Les oiseaux ont niché mais la nourriture vu la météo n’a pas suivi. Et quand on sait que sur une couvée de 8 ou 10 mésanges bleues, une seule arrivera à l’âge adulte pour de multiples raisons, on se rend bien compte de la portée que cela peut avoir sur l’avenir des espèces. Petit à petit, ces oiseaux essaieront sûrement de s’adapter, du moins espérons-le. Et l’on pourrait se dire que tout n’est pas totalement morose. Fort heureusement, certaines espèces de passereaux pour l’heure résistent bien encore à l’évolution vers le haut de plus en plus inexorable de la température. Mais quel sera l’impact si ce réchauffement s’accélère encore plus fortement. Nul le sait. Mais on sait déjà que de nombreuses espèces ont vu leurs effectifs fondre comme neige au soleil ces dernières années.
Prenons le cas du sympathique piaf. Il était fréquent de le croiser dans nos villes par bandes. Ou bien dans les champs. C’est désormais fini. Le changement climatique est l’une des causes de son fort recul mais pas la seule. Les oiseaux sont aussi touchés par leurs milieux naturels de plus en plus détruits et une urbanisation grandissante. Il faut savoir qu’à Londres, les effectifs du moineau ont reculé de 80 % sur les 20 à 30 dernières années. Les hirondelles, les pipits et autres alouettes sont déjà presque condamnés à une disparition de notre territoire à plus ou moins longue échéance. D’autres subissent lors de fortes canicules des pertes sévères. Durant l’été 2015, des martinets sont morts par centaines dans le département du Rhône, ne supportant pas les 50 à 60° sous les hangars où se trouvaient leurs nids. Les jeunes qui en tombaient étaient condamnés à mourir ; cette espèce n’étant pas apte à s’envoler depuis le sol.
La mer aussi subit ces bouleversements. Le déplacement du plancton a un impact sur les populations d’oiseaux marins qui ne peuvent plus nourrir leurs petits, faute de proies. Les poissons migrant plus au nord. Outre cela, de nombreux milieux et les espèces qu’ils abritent sont directement menacés par le réchauffement climatique. La mangrove par exemple est directement menacée par l’élévation du niveau des océans. Quant aux récifs coralliens, ils sont de plus en plus détruits par l’acidification des océans. Et les réserves naturelles en zone côtière sont soumises à l’érosion et aux submersions croissantes.
Si certaines espèces tendent à déserter notre pays, à l’inverse d’autres profitant de la hausse du mercure commencent à s’y installer avec plaisir. Des espèces méridionales ou tropicales qui étaient jusqu’à présent inconnues ou rares sous nos latitudes sont désormais observées dans notre pays. C’est le cas par exemple du petit monarque, un papillon originaire d’Afrique ou du baliste qui est un poisson provenant de Mauritanie.
A la question de savoir si le réchauffement de notre planète augmente la fréquence d’évènements climatiques extrêmes, les experts n’ont pas encore de certitudes absolues. Il faudra avoir un recul sur un peu plus d’années pour répondre avec précision. Ils observent qu’il n’y a pas plus de cyclones ou d’ouragans maintenant qu’il y a 30 ans. Par contre, il semble de plus en plus acquis que ces phénomènes gagnent en intensité. Il n’en demeure pas moins en tout cas que les catastrophes naturelles affaiblissent encore davantage toutes les espèces animales comme les végétales ; on pense notamment aux risques accrus d’incendies. On se souvient que sur les trois premiers mois de l’année 2014, la façade atlantique qui avait subi de multiples tempêtes avait enregistré l’échouage de plus de 40 000 oiseaux marins. Enfin, une dernière certitude. Il est acquis que dans l’avenir nous entendrons de plus en plus souvent par chez nous le son des cigales .